Détails des bijoux volés au Louvre !
Comme nous le savons, ce dimanche 19 octobre a eu lieu un vol au célèbre musée du Louvre à Paris. Nous voyons circuler beaucoup d’informations sur la manière dont les voleurs ont réussi leur coup, mais très peu de détails concernant les bijoux volés. C’est notre rôle en tant qu’experts en joaillerie et bijouterie, de vous expliquer d’où proviennent ces bijoux volés.
La couronne de l’Impératrice Eugénie
La couronne a été volée au Louvre puis abandonnée dans la fuite des voleurs.

Institués en 1530 sous François Iᵉʳ, les Diamants de la Couronne ont traversé les siècles avant de renaître sous le Second Empire. Soucieux de redonner l’éclat au trésor royal, Napoléon III confia au joaillier Alexandre-Gabriel Lemonnier la création de nouvelles parures impériales.
En 1853, Alexandre-Gabriel Lemonnier créa une première couronne pour l’Empereur à partir des pierres de Charles X, puis une seconde, plus sobre, deux ans plus tard. Il réalisa aussi pour l’Impératrice Eugénie (épouse de Napoléon III) une couronne assortie, plus légère. Elle est sertie de plus de 1 300 brillants et 56 émeraudes, une prouesse qui lui valut une médaille à l’Exposition universelle de 1855. La couronne de l’impératrice est conçue sur le même modèle que celle de l’Empereur, mais plus petite et plus légère. Elle est aussi composée par des arceaux formés par les ailes de huit aigles en or ciselé alternant avec huit palmettes prolongés par une grande palme.
Après la chute du Second Empire, les joyaux furent déplacés, exposés, puis partiellement vendus en 1887, entraînant la dispersion d’une grande partie du trésor. La couronne d’Eugénie, épargnée, fut restituée à l’Impératrice, léguée à Marie-Clotilde Napoléon, puis rachetée en 1988 par des mécènes pour être offerte au musée du Louvre, où elle demeurait jusqu’au récent vol.
Le diadème de l’Impératrice Eugénie

Ce diadème a été réalisé en 1853 par le joaillier Alexandre-Gabriel Lemonnier, il fut commandé peu après le mariage de la jeune impératrice avec Napoléon III, alors que la France retrouvait la splendeur d’une cour impériale renaissante.
Serti de 1 998 diamants, de près de 1 000 roses et de 212 perles fines, ce diadème est un chef-d’œuvre d’équilibre et de virtuosité. Lemonnier y mêle les perles en poire, feuillages sertis et motifs d’inspiration antique, le tout reposant sur un bandeau délicat de diamants et de perles.
Le diadème a plusieurs fois été menacé… À la chute du Second Empire, en 1870, le joyau échappa aux pillages avant d’être intégré à l’inventaire national. En 1887, le diadème d’Eugénie fut mis en vente, acquis par le joaillier Julius Jacoby, puis revendu en 1890 au prince Albert de Thurn-et-Taxis.
Le diadème refit surface en 1992, lors d’une vente aux enchères à Genève chez Sotheby’s, avant d’être racheté par la Société des Amis du Louvre et offert au musée la même année. Ce retour d’un témoin majeur du savoir-faire français du XIXᵉ siècle.
Le grand nœud de corsage de l’Impératrice Eugénie

C’est en 1855, que le joaillier François Kramer créa cette sublime broche de corsage destinée à Eugénie, l’épouse de Napoléon III. L’œuvre est qualifiée d’exceptionnelle, elle présente un nœud sculpté “à deux boucles et pans repliés”, elle comporte 2438 diamants et 196 “roses”.
Cette création a d’abord été conçue comme le centre d’une ceinture de plus de 4000 pierres, elle était destinée à être portée lors de l’exposition universelle de 1855 et par la suite comme un accessoire de l’Impératrice lors de ses réceptions prestigieuses. L’objet était reconnu comme un symbole de puissance de la cour.
En 1864, Eugénie abandonne la ceinture pour ne porter que ce nœud de broche de corsage ce qui signifiait le début d’un changement dans une mode plus maniable pour les femmes.
Après la fin de l’Empire, la broche traverse les décennies. Lors de la vente de 1887, qui mit aux enchères les bijoux issus des Diamants de la Couronne, l’objet est adjugé au bijoutier Émile Schlessinger pour le compte de Caroline Astor à New York.
Par la suite, elle passe au duc de Westminster en 1902, puis intègre la collection de la comtesse Beauchamp. Vers 1980, le bijoutier Ralph Esmerian en est propriétaire. Enfin, en 2008, grâce à un legs de M. et Mme Michel Rouffet et avec l’aide du Fonds du Patrimoine, l’État français l’acquiert pour le musée et l’intègre au musée du Louvre.
La broche reliquaire

C’est en 1855 que le joaillier Paul-Afred Bapst créa pour l’Impératrice Eugénie, l’épouse de Napoléon III, une broche exceptionnelle plus connue sous le nom de broche “reliquaire”. La pièce est composée de 94 diamants montés sur argent doré, d’un style qualifié d’”historiciste”. Elle comporte notamment une rosace formée de sept diamants entourant un solitaire, deux gros diamants opposés par leurs sommets (des “Mazarins” du XVIIᵉ-XVIIIᵉ siècle appartenant à Louis XIV), et quatre petits diamants en poire suspendus.
Cette broche faisait partie des joyaux d’apparat impériaux et des collections de l’État, fusionnant prestige, tradition et haute joaillerie. En 1887, lors de la loi d’aliénation des « Diamants de la Couronne », cette broche fut affectée à l’État français et intégrée aux collections du Louvre
La parure de saphirs

Créé entre 1800 et 1835 à Paris, ce collier fait partie d’une parure plus vaste comprenant un diadème, des boucles d’oreilles, des broches, un peigne et des bracelets. Tous ces bijoux sont ornés de saphirs de Ceylan, cernés de diamants montés en or, témoignant du raffinement de la joaillerie parisienne de l’époque.
Le collier est composé de huit saphirs de différentes tailles et de six cent trente-et-un diamants, montés sur une chaîne articulée.
Le commanditaire et l’auteur de cette parure restent inconnus, son histoire est marquée par son appartenance à plusieurs membres de la famille royale française. Elle fut successivement portée par Hortense de Beauharnais (1783-1837), reine de Hollande, fille de Joséphine de Beauharnais, mais aussi par Marie-Amélie de Bourbon-Siciles (1782-1866), épouse de Louis-Philippe Ier, dernier roi des Français et pour finir par Isabelle d’Orléans (1878-1961), duchesse de Guise.
La parure est restée dans la descendance des Orléans jusqu’en 1985, date à laquelle elle a été acquise par le Musée du Louvre.
Le collier en émeraudes de la parure de Marie-Louise

Créé en 1810 par le joaillier parisien François-Régnault Nitot, ce collier fait partie d’une parure offerte par Napoléon Ier à son épouse Marie-Louise d’Autriche à l’occasion de leur mariage. La parure complète comprenait un diadème, un collier, une paire de boucles d’oreilles et un peigne.
Le collier se compose de 32 émeraudes, dont 10 en forme de poire, et de 1 138 diamants, dont 874 en brillant et 264 en rose. Dix grosses émeraudes, alternativement ovales ou en losange, sont reliées par des palmettes enchâssant une petite émeraude ronde. À chacune des grosses émeraudes est suspendue une émeraude en poire cerclée de diamants. L’émeraude centrale, de forme ovale, pèse 13,75 carats métriques.
Après la chute de l’Empire en 1814, Marie-Louise emporte ses bijoux personnels, dont le collier en émeraudes. Elle lègue la parure à son cousin, Léopold II de Habsbourg, grand-duc de Toscane. Les descendants de ce dernier conservent la parure jusqu’en 1953, date à laquelle elle est cédée au joaillier Van Cleef & Arpels.
Les émeraudes du diadème sont alors vendues une à une. Une riche collectionneuse américaine les achète, fait sertir des turquoises à la place des émeraudes et lègue le diadème à la Smithsonian Institution en 1966.
Le collier et la paire de boucles d’oreilles, heureusement préservés dans leur état d’origine, rejoignent les collections du Musée du Louvre en 2004, grâce au Fonds du Patrimoine et à la Société des Amis du Louvre.
Voici le détails des bijoux volés au Louvre !
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